Retours gratuits, c’est fini ! quelques idées…

Récemment, Zara, du groupe Inditex, puis H&M, annonçait à deux poids lourds de la fast fashion* que les retours gratuits (hors retours magasins) avaient pris fin. D’autres suivent. J’ai pensé : enfin ! Après le lancement de cette offre purement marketing pour concurrencer les sites d’autres marchands, les consommateurs en ont utilisé puis directement abusé : par exemple, certains ont commandé le même produit en trois tailles sans plus réfléchir ni mesurer. . D’autres ont reconnu qu’ils se sentaient valorisés en raison de leur pouvoir d’achat illimité, qui n’était pas contraignant.

Sans surprise, les fermetures de magasins, l’emprisonnement et le télétravail ont fortement accéléré le e-commerce de mode, sorte de compensation à diverses frustrations. Je me souviens d’avoir vu une jeune femme expliquer à un journaliste qui l’interviewait qu’elle aimait recevoir ses colis tous les jours, comme un calendrier Avant permanent. Il commandait plusieurs articles et vêtements par jour pour le « surprendre » en ouvrant les cartons.

Auto-effet sur les réseaux sociaux

Cela lui a ensuite permis de se prendre en photo et de partager ses vêtements avec de nombreux selfies sur les réseaux. En fonction des retours (et de ses finances ou de ses casiers), il choisit parfois un objet à conserver, mais renvoie ensuite presque tout.

Je constate que cela n’est pas passé inaperçu auprès des grands fabricants de fast fashion, qui en ont tiré deux conclusions : lorsqu’ils créent des agents qui font de la publicité sur ces réseaux et multiplient les collections, tout en annonçant qu’il s’agit de collections capsules (comprenez : stock et le temps de vente est limité) ; ils créent deux débouchés très efficaces : la rareté et l’urgence.

« Vite ! Profitez-en maintenant ! Il est trop tard demain ! Il ne reste plus que 2 jours pour commander ! Etc. »

La cible est constituée de très jeunes, plus « fondus », plus vifs, très réactifs, voire impulsifs, et pour qui l’apparence est un outil puissant dans leur quête d’identité et d’appartenance.

Du rapide à l’ultra-rapide

Conscientes des contraintes financières de leur public cible, certaines marques ont alors développé des sous-marques ultra pas chères et ultra rapides (ex. Pretty Little Things, Boohoo) qui ont atteint un rythme alarmant allant jusqu’à 12 jours de soldes entre les deux collections. prix (moyenne 15 frs/euro vêtement), très mauvaise qualité. Fabriqués au mépris des droits de ceux qui les produisent sur la chaîne de montage, dans des ateliers secrets et dirigés par de puissantes organisations dans des zones illégales, jusqu’au cœur de l’Europe, notamment en Grande-Bretagne. Nous assistons à une catastrophe : une mode jetable…. qui ne peut même pas être vendu d’occasion.

Certes, les commandes ont augmenté de manière exponentielle, mais les marques ont été littéralement submergées par la quantité de productivité qu’elles ne pouvaient plus contrôler : plus de temps, plus assez de personnel, plus assez d’espace pour gérer autant de stock ?

Cette politique de retour gratuit est très vite devenue incontrôlable, y compris pour des acteurs majeurs comme Amazon, qui ont alors décidé de bannir certains clients de leur site qui revenaient trop souvent sans préavis.

Nous avons alors découvert que de nombreux sites marchands détruisaient proprement et facilement les cartons renvoyés avec leur contenu. C’est malheureusement la conséquence logique de cette folie insensée : plus rapide et moins cher. Des dérives effrayantes.

Inutile de préciser qu’il s’agit dans tous les cas d’un piège financier pour les marques et les acteurs du e-commerce.

Cependant, pas de considérations environnementales ou sociales !

Si l’on sait que l’industrie textile est la deuxième industrie la plus polluante au monde, c’est un secteur qui cumule les mauvaises pratiques (exploitation des personnes et des ressources, espionnage des créateurs, contrefaçon industrielle, pollution irréversible, dumping salarial, etc.). il sacrifie un profit énorme et immédiat sur l’autel de la qualité, on se rend compte que le récent virage vers le retour aux revenus rémunérés (en plus d’être trop bon marché pour vraiment décourager les intimidateurs de faire du e-shopping) n’est qu’une explosion dans le porte-monnaie des acteurs. fabricants. Ce n’est en aucun cas une prise de conscience générale du problème dont ils se moquent comme leurs premières chaussettes.

Énergie grise et empreinte carbone

Si nous calculions l’énergie consommée** et l’empreinte carbone de l’emballage et de son contenu, nous serions indignés à juste titre. Il y a eu une explosion du volume du trafic de courrier, qui a notamment multiplié les transports, le carton se dépense et se gaspille, le plastique est partout puisqu’il enveloppe l’électricité consommée aussi bien par les serveurs que par les machines de production, et je suis sans parler de l’approvisionnement en eau… catastrophique.

Expliquez encore et encore…

Bref, il est grand temps d’expliquer en détail aux consommateurs ce qui déclenche si facilement leur ordinateur d’un petit clic… !

Et surtout aux jeunes générations, victimes de ce système anormal à bien des égards. S’ils ne savent pas dans quoi ils sont, vous ne pouvez pas les blâmer.

Ils piétinent la planète qu’ils veulent sauver. Il est donc urgent de leur enseigner le concept de responsabilité positive en leur montrant clairement les étapes cachées de ces chemins dans la plupart de leurs aspects. Pour qu’ils puissent vraiment exercer leur libre arbitre en gardant les pieds vers le bas.

* Mode produite dans des collections successives à un rythme toujours plus rapide (rapide et ultra-rapide)

** Quantité totale d’énergie consommée au cours du cycle de vie d’un produit, depuis l’extraction et la production de ses matériaux constitutifs jusqu’à toutes les étapes successives : transformation, production, transport, stockage, distribution, valorisation, recyclage, élimination. Les consommateurs ignorent le plus souvent ces données, principalement en ce qui concerne la consommation dite d’énergie. Or, celle-ci est bien plus importante que cette dernière, mais très peu visible du public.

*** Voir. Documentaire de Gilles Bovoni et Edouard Perrin :

Fast fashion, sous-vêtements modernes à petits prix. Coproduction First Lines / Arte.