Marine Le Pen fait campagne aux législatives

MARSEILLE : Un pied dans sa circonscription et l’autre en soutien aux candidats RN, Marine Le Pen mène une campagne discrète pour les élections législatives malgré son statut de finaliste à la présidentielle et la compétition d’Eric Zemmour dans le sud.

« Nous allons poursuivre cette dynamique », assure l’ex-candidat d’extrême droite de Yelisei, qui a engrangé un record de 41,5% des suffrages au second tour de l’élection présidentielle.

Elle est venue à Marseille lundi et mardi pour soutenir 16 candidats RN dans les Bouches-du-Rhône, qui abrite aussi la plus grande alliance de partis.

Dans le 12e arrondissement de Vitrolles, où est candidat son conseiller Franck Allisio, Marine Le Pen a recueilli près de 60 % des suffrages au second tour et entend lever la malédiction : ni Jean-Pierre Stirbois, ancien bras droit de son père Jean -Marie Le Pen, ni Bruno Mégret, un « criminel », et l’eurodéputé Jean-Lin Lacapelle ont échoué à y être élus.

Mais Marine Le Pen ne soutiendra pas, dans le département voisin du Var, le candidat RN Philippe Lottiaux, qui affrontera son grand rival présidentiel Erik Zemur dans la 4e circonscription. Ce dernier y a réalisé l’un de ses meilleurs résultats (14,7%, contre 7% au niveau national), contre 32,2% de Marina Le Pen et 24,1% d’Emmanuel Macron.

Elle a préféré déléguer son fidèle lieutenant Jordan Bardella, chef par intérim du RN, qui viendra vendredi.

Marine Le Pen s’apprête-t-elle à se retirer ? Elle ne cache pas qu’elle veut « sortir une nouvelle élite » à l’occasion des 50 ans du FN (devenu RN) à l’automne, et que Jordan Bardella « semble en bonne position pour le faire ». Elle a même laissé entendre pendant la campagne présidentielle que son poulain pourrait un jour être candidat à la Zone Elysée.

En plus de ne pas être en première ligne, elle estime déjà qu’Emmanuel Macron remportera les élections législatives des 12 et 19 juin.

« Je ne pars pas en panne, je laisse les Français dire la vérité » et « même si cette justice nous coûtait, nous en accepterions le présage », explique-t-elle, alors que son rival de gauche Jean-Luc Mélenchon « ment ».  » alors qu’elle prétend pouvoir gagner la majorité et devenir Premier ministre.

« Une position moralement louable mais politiquement peu mobilisatrice », analyse Brice Teinturier, directeur général adjoint d’Ipsos, au Monde.

Surtout, Marine Le Pen veut rester la première opposante au chef de l’Etat en « peignant l’Assemblée en bleu, blanc et rouge ».

« Ce n’est pas du tout comme 2017, où elle était complètement déprimée », note une directrice générale. Si « certains (au RN) sont pessimistes », « ne sabotez pas », simplement « n’offrez rien à gagner » car c’est « trop ​​dur » pour eux.

« Le colosse présidentiel (RN) a-t-il encore les pieds d’argile aux législatives ? », s’interroge Brice Teinturier. En 2017, Marine Le Pen avait obtenu près de 34 % des suffrages au second tour de l’élection présidentielle, mais seulement 8 sièges aux législatives.

Cette fois, le parti Marine Le Pen est crédité de 21% des intentions de vote, selon Ipsos, ce qui lui permettrait de remporter 20 à 45 sièges et de former un groupe, pour la première fois depuis 1986-88.

Il est sûr d’aller voter, ses électeurs sont bien identifiés : ils soutiennent le pouvoir d’achat et l’immigration, ils rejettent aussi bien Emmanuel Macron que Jean-Luc Mélenchon.

Reste que Marine Le Pen est « très absente » des législatives, note M. Teinturier, alors que son électorat a besoin d’une « incarnation forte », M. Macron profite de sa présidence et M. Mélenchon donne l’impulsion avec sa gauche syndicale (Nupes).

Contrairement à la gauche, Marine Le Pen n’envisage pas de s’allier à Reconquête !, le parti d’Eric Zemmour, rejeté par 42% de ses électeurs.

Ce qui dérange certains candidats en région Paca. Dans les Alpes-Maritimes, le RN a refusé d’investir l’ancienne identité de Philippe Vardon et a préféré soutenir Benoît Kandel, l’ancien adjoint au maire de Nice Christian Estrosi. M. Vardon a finalement maintenu sa candidature en s’associant à Reconquête !, dans une ambiance très tendue entre les deux équipes désormais rivales.