Jean-Marie Tarascon, chimiste expert en stockage d’énergie, lauréat de la médaille d’or du CNRS

A 68 ans, Jean-Marie Tarascon a reçu ce jeudi l’une des plus prestigieuses récompenses scientifiques françaises : la médaille d’or du CNRS pour l’année 2022. Ce chimiste spécialiste des batteries et « pionnier du stockage électrochimique de l’énergie a été récompensé pour ses recherches qui » est au cœur des défis scientifiques et des enjeux environnementaux d’aujourd’hui et de demain », a déclaré le PDG du CNRS Antoine Petit dans un communiqué. Ceux-ci doivent en effet « permettre un stockage de l’énergie dans le respect des principes d’écoconception, de sécurité et de recyclage », a-t-il précisé.

Tout a commencé aux États-Unis, où il a commencé sa carrière dans les années 1980. En 1989, lors du tremblement de terre de Loma Prieta en Californie, il a mené des recherches pour Bellcore, une filiale de Bell dont dépendaient les compagnies de téléphone du pays. Les lignes téléphoniques classiques ont alors besoin d’électricité de secours, alimentée par des batteries au plomb, « devrait durer huit heures », précise le chimiste. Mais « il est arrivé qu’il n’y ait plus de batterie au bout d’une heure. On s’est rendu compte qu’il y avait peu de recherches sur le sujet des batteries.

Des batteries lithium aux batteries Sodium-ion

Des batteries lithium aux batteries Sodium-ion

Jean-Marie Tarascon prend alors la tête du groupe de stockage d’énergie et se reconvertit dans l’électrochimie. Lire aussi : Deux femmes françaises et suisses reçoivent le prix du meilleur inventeur 2022 de l’Office européen des brevets. Avec son équipe, il explore la voie « encore naissante » des batteries au lithium et met au point les premières batteries extra-plates, plus souples et plus sûres : la batterie lithium-ion plastique « qui s’adapte plus facilement aux appareils électroniques ». utiliser aujourd’hui par exemple pour les téléphones portables et bien d’autres objets, voire certaines voitures électriques, explique le chercheur.

Depuis son retour en France en 1995, il dirige le laboratoire de réactivité et de chimie du solide à Amiens et initie la création du réseau RS2E. C’est sous sa houlette que ce réseau a développé la batterie sodium-ion, utile pour stocker les énergies renouvelables. « Il a moins d’autonomie que le lithium-ion, mais il est plus adapté au développement durable, car il utilise du sel de sodium, beaucoup plus abondant et plus facile à extraire que le lithium. Son atout est aussi sa puissance », argumente Jean-Marie Tarascon.

Ses recherches actuelles s’orientent vers des batteries « plus intelligentes », avec des capteurs pour « suivre leur état de santé et leur vieillissement ». Car « demain, tout ce qui nous entoure dépendra des piles ».

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